La ferme du bonheur

Par Jessica Dostie

Marie-Pier Gosselin. Crédit photo : Simon Jodoin

Au détour d’un petit rang de la campagne montérégienne tout ce qu’il y a de plus typique, la ferme fromagère Au Gré des Champs se détache du paysage avec son toit rouge et son étable toute neuve à l’architecture contemporaine. C’est ici que la famille Gosselin fabrique ses fromages fermiers.

Vingt ans après sa fondation, la fromagerie Au Gré des Champs produit aujourd’hui une dizaine de fromages à partir du lait de ses vaches suisses brunes, cette race réputée pour son lait gras et riche en protéines, « parfait pour la production fromagère », explique l’entreprise. Les produits se démarquent par le côté unique et distinctif du fromage au lait cru.

La fromagerie a été sacrée Producteur de l’année au gala des Lauriers en 2019 et plusieurs des créations fermières d’Au Gré des Champs sont reconnues parmi les meilleurs fromages québécois, prix à l’appui : Le Gré des Champs, dont la saveur reflète ce que les vaches mangent dans les champs, Le Pont Blanc à la croûte fleurie, Le Frère Chasseur, aux notes de fruits confits et de caramel, ou encore Le Monnoir, une pâte ferme qu’on aime déguster en raclette. Tous sont disponibles dans la jolie boutique de la fromagerie, qui propose une panoplie de produits du terroir québécois, ou encore sur sa boutique en ligne.

Crédit photo : SImon Jodoin

Et la lumière fut

Maintenant, place à la rencontre des vaches et de leur magnifique nouvelle maison, une étable vaste aux lignes épurées imaginée par les architectes de la firme La Shed et dont la construction s’est achevée à l’été 2019. Les curieux peuvent s’y aventurer pendant les heures d’ouverture et admirer la luminosité et la propreté du bâtiment.

Elles s’appellent Nadia, Martha ou Rose : à la ferme Au Gré des Champs, les vaches ont toutes leur petit nom. Et ces « demoiselles » sont traitées aux petits soins. Pour les Gosselin, Daniel, sa femme Suzanne et leur fille Marie-Pier, le bien-être des bêtes est une priorité. Après tout, ces dernières font pratiquement partie de la famille !

Crédit photo : Simon Jodoin

Tout est d’ailleurs mis en œuvre pour assurer le confort du troupeau dans sa nouvelle maison. « Ça va vraiment avec les valeurs que nous défendons en tant que producteurs agricoles. Il n’y a pas mieux qui peut se faire [en matière d’aménagement] pour le bien-être des animaux », souligne Marie-Pier Gosselin, qui assure la relève à la ferme. Ses parents, en véritables visionnaires, ont entrepris un virage vers une agriculture biologique dès le milieu des années 1990, puis ont lancé un premier fromage fermier de lait cru quelques années plus tard, en 2000.

Au-delà des considérations esthétiques, la diplômée en agronomie voulait offrir le nec plus ultra à ses vaches de race suisse brune. L’immense bâtiment de 17 000 pieds carrés (la taille d’un Canadian Tire, ni plus ni moins) est construit en pruche d’ici puisque la consommation locale est une autre valeur chère à l’entreprise. Il a été pensé pour permettre aux bêtes de se déplacer librement. De plus, elles n’y sont jamais attachées et vont dehors aussi souvent que possible, l’été surtout, mais l’hiver également. « Dans l’étable, elles peuvent se coucher où elles veulent et à côté de qui elles veulent, décrit Marie-Pier Gosselin. Rien ne restreint leurs mouvements. Même les petits veaux sont élevés auprès de mères-nourrices, ce qui leur permet de vivre leur vraie vie de petits veaux et de boire quand ils le veulent, entre autres choses. Déjà, on voit en mesurant leur croissance qu’ils sont vraiment bien dans la nouvelle étable. »

Crédit photo : SImon Jodoin

« Au début de notre démarche d’agrandissement, mon père et moi avons visité beaucoup d’étables, en particulier pour étudier les aspects techniques, se souvient-elle. Ça nous a permis de mieux cerner ce qu’on voulait. » Rien à voir avec ces étables sombres et mal ventilées qui ressemblent à de « gros arénas ». Ici, dans l’étable ouverte aux visiteurs, la lumière naturelle est omniprésente grâce aux parois translucides des murs et à un puits de lumière. Inusité pour une étable, n’est-ce pas ?

Autre particularité qui change tout, tant pour les animaux que pour les travailleurs et les visiteurs : la circulation d’air. « Ça ne sent presque pas l’étable ! », s’exclame Marie-Pier Gosselin, qui convient que tous ces facteurs ont des effets tangibles sur la qualité de vie de toute la famille et de ses employés. Surtout que, de son propre aveu, les fermiers passent énormément de temps avec les animaux dans l’étable. « Plus que dans notre propre maison », acquiesce-t-elle.

Crédit photo : Simon Jodoin

Une histoire de famille

En prenant la relève de l’entreprise familiale, Marie-Pier Gosselin succède bien sûr à ses parents. Ce qu’on sait moins, c’est qu’eux-mêmes avaient repris et transformé en fromagerie la ferme laitière de quelque 65 hectares bâtie en 1963 par le grand-père. Sa sœur Virginie, elle, a pour sa part choisi de se consacrer à la photographie spécialisée en alimentation, une profession qui lui permet de travailler à l’occasion avec le reste de la famille.

Animée par la même volonté d’innovation que les deux générations qui l’ont précédée, Marie-Pier Gosselin ne manque pas d’idées. C’est ainsi que l’ancienne étable au toit rouge sera rénovée et réaménagée en boutique, question de recevoir les clients dans un environnement mieux adapté. « On tient à revaloriser ce bâtiment, non seulement parce que ça fait partie de notre patrimoine familial, mais aussi parce que sa structure est vraiment intéressante », précise-t-elle.

Des champs à perte de vue, quelques arbres et, au loin, le mont Saint-Grégoire, tout ça situé à quelques minutes du centre-ville de Saint-Jean-sur-Richelieu : le cadre est idéal pour une visite à la ferme. On s’y donne rendez-vous ?

En collaboration avec Bonjour Québec et Tour du Québec.