Une virée à vélo juste parfaite dans la Montérégie-Ouest

Guide touristique et enseignant, Nicola Zoghbi passe la plupart de ses vacances à vélo. Il a roulé dans presque toutes les régions du Québec et même au-delà de nos frontières.

On m’avait mandaté d’aller explorer la Montérégie-Ouest à vélo de fond en comble. Ce ne serait pas ma première fois dans cette région où dominent les cours d’eau majestueux. La Montérégie-Ouest regorge d’un excellent réseau de pistes cyclables avec un territoire généralement plat et remplies de trésors visuels et de curiosités touristiques. Au menu pour mon séjour, du kayak, des musées, une centrale hydroélectrique, la gastronomie locale, des points de vue imposants et beaucoup de vélo!

Jour 1 – Canal de Soulanges

J’ai pris le premier train du mois d’août vers Vaudreuil. En observant la quantité de vélos à bord, je ne suis visiblement pas le seul ayant eu cette idée en ce samedi ensoleillé. L’engouement pour le vélo se voit tout de suite à mon débarquement à la gare Dorion, si je me fie au nombre de cyclistes qui roulaient sur le bord de l’eau en direction de Pointe-des-Cascades.

Tant qu’à y être, je suis allé dans le parc situé à la pointe, où l’accès pour piétons et cyclistes est sans frais. Les chemins et les sentiers serpentent à travers la forêt dense pour arriver au barrage Pointe-des-Cascades, mon premier de la journée.

J’entame par la suite mon passage le long du canal de Soulanges, filant à travers la région. Sur cette piste cyclable qui joint la Waterfront Trail en Ontario, on croise des cyclistes de tout calibre. Loin d’être monotone, le paysage est ponctué de vestiges historiques, comme une ancienne centrale hydroélectrique bâtie en style « château ».

Il y a beaucoup à faire à Coteau-du-Lac. Une courte mais fructueuse visite du lieu historique national m’a ouvert les yeux sur l’importance stratégique de ce lieu durant les périodes tumultueuses de notre histoire. Une balade en kayak m’a ensuite permis de me reposer sur les eaux du canal. Se promener à deux roues, c’est aussi les rencontres qu’on fait, comme avec le sympathique couple pointe-clairais avec qui j’ai parlé au lieu historique, curieux d’en connaître davantage à propos de mon périple. Autre avantage indéniable, la facilité de s’arrêter spontanément pour déguster une crème glacée ou une sloche à saveur explosive à la crèmerie du Café Wilson. En face se trouve un beau parc avec parasols pour s’asseoir confortablement à l’abri de notre astre bienveillant mais parfois accablant.

Après une petite boucle dans Les Coteaux pour admirer le lac Saint-François, le moment était venu pour traverser vers Valleyfield. Une piste temporaire sur le pont Monseigneur-Langlois à côté de deux beaux barrages m’amena en plein centre-ville où plusieurs bonnes tables s’y retrouvent.

Jour 2 – Salaberry-de-Valleyfield

Le lendemain matin s’annonce pluvieux. Après une nuit dans le confort de l’Hôtel Plaza Valleyfield, c’est facile d’être tenté de passer la matinée grise à l’intérieur. Mais hop, il y a de l’exploration à faire! Les coups de pédale m’amèneront autour de l’île de Valleyfield. La première étape a lieu parfois sur l’accotement généreux de la route 132, autrement par des rues résidentielles et quelques pistes cyclables. Avec des pneus larges et une tolérance pour la garnotte, on peut même passer au sud de la rivière Saint-Charles, où l’on ne se croirait pas à seulement quelques kilomètres du centre-ville. Dépaysement garanti!

À Saint-Timothée, il est possible d’accéder au parc régional des Îles-de-Saint-Timothée voire rouler vers Les Cèdres en empruntant un petit traversier. À Melocheville où je me prends un dîner pour emporter, le musée québécois d’archéologie Pointe-du-Buisson permet aux intéressés d’en apprendre plus, entres autres, sur la paléontologie et les traditions autochtones. Peu après, j’arrive au parc régional de Beauharnois-Salaberry, où je m’alimente sur le bord du canal, à l’abri de la pluie à une des haltes cyclistes.

Je recommande vivement de persévérer jusqu’au bout, où l’on aperçoit le lac Saint-François qui domine l’horizon. Au retour dans le centre-ville de Valleyfield, on ne peut pas manquer le complexe aquatique du parc Delpha-Sauvé. Plus loin, il y a Flotel, un concept unique d’hébergement flottant complètement autonome, ainsi qu’AquaPiknik, une flotte de jolis bateaux électriques dans la baie du lac Saint-François. De festifs beignets flottants sont aussi disponibles permettant à un groupe d’amis ou une famille de casser la croûte sur l’eau. Le soir venu, après un tour au Musée de société des Deux-Rives (MUSO), où l’on m’a expliqué le complexe passé industriel de la ville, j’ai choisi un souper chez Resto Pub McBroue, où le menu présentait plusieurs options succulentes pour tous les goûts.

Jour 3 – Canal de Beauharnois et parc régional de Beauharnois-de-Salaberry

La troisième journée au matin, le vent féroce aspergeait l’eau de la baie sur ma fenêtre au septième étage, mais un kilomètre plus loin, des conditions plus propices étaient au rendez-vous! Avant de quitter Valleyfield, un arrêt à La Petite Grange s’imposait pour ramasser mon dîner. Une chance que j’étais limité dans ce que je pouvais transporter, car j’aurais voulu tout acheter!

Pour traverser sur la rive sud du canal de Beauharnois, j’ai emprunté le pont Larocque. Ça ne s’est pas avéré une expérience des plus sécuritaires. Je vous recommande fortement d’emprunter plutôt le pont Saint-Louis-de-Gonzague avec le service d’accompagnement Sécuri-Parc. Une fois rendu, j’ai eu la joie d’avoir le vent dans le dos. Je roulais allègrement et sans beaucoup d’effort au bruit des flots déchaînés de la voie maritime. Bon à savoir : les haltes cyclistes des deux côtés sont nombreuses, et souvent équipées de toilettes à compost qui n’ont pas l’odeur atroce des toilettes chimiques bleues! J’ai mangé mon repas succulent de La Petite Grange quelques kilomètres avant la fin de la piste, ce qui me redonna l’énergie pour arriver à la centrale hydroélectrique de Beauharnois.

La visite de ce véritable chef-d’œuvre sur l’eau me laissa bouche bée. La guide Marie-Ève a su partager le génie humain derrière la construction du canal et du barrage à son groupe. De là, on peut même observer les gratte-ciels de la métropole. Impossible de ne pas ressentir une certaine émotion, lorsqu’après quelques jours à vélo, on aperçoit sa ville au loin.

C’est par une autre piste cyclable que je me suis rendu à Sainte-Martine, dernière municipalité de mon séjour dans la Montérégie-Ouest. Ici, les sauterelles et les papillons me chatouillaient, une vue sur les Adirondacks et des éoliennes en prime. De là, mon trajet préféré pour Châteauguay longe la rivière éponyme, quoique j’avais pris un parcours différent dans le but d’explorer.

Ayant eu plus de temps, je serais certainement allé plus au sud. C’est une région qui abonde d’arrêts gastronomiques. À Saint-Louis-de-Gonzague, la boutique Canard et Cie se spécialise dans les produits du canard, tandis qu’à Saint-Urbain-Premier, on peut visiter le magnifique Vignoble Cortellino, aux allures européennes. Finalement, pour les passionnés d’histoire , le lieu historique de la Bataille-de-la-Châteauguay raconte un tournant critique de la guerre de 1812 où les soldats canadiens ont remporté leur bataille contre l’armée d’invasion américaine.

Pour une simple balade, il y a plusieurs endroits où l’on peut stationner sa voiture pour faire un aller-retour ou une boucle. Autrement, il est possible de transporter son vélo dans le train de Vaudreuil (gare Dorion), et tous les autobus sur le corridor Montréal – Châteauguay – Valleyfield sont dotés de supports à vélo. Pour une nuitée, il y a des hébergements Bienvenue cyclistes! où le vélo dort à l’intérieur, et où le cycliste a accès à certains services, tels des outils et de l’information sur les réseaux cyclables.

Assurez-vous d’avoir un vélo fonctionnel, et pour une longue promenade, d’amener quelques outils de base. Sachez qu’en cas de pépin, des bornes de réparation en libre-service pullulent comme des arbres bleus ou oranges partout sur le réseau!

Pour terminer, si j’avais à choisir une section à refaire demain, ça serait certainement la rive sud du canal de Beauharnois, entre le pont Saint-Louis-de-Gonzague et l’extrémité ouest.

Bonne route et bons vents!